L'avocate de Mbappé lâche ses vérités !

Publié le : 07/11/2017 - 16:38 - Dernière modification : 07/11/2017 - 23:09

Très discrète durant les négociations du transfert de Kylian Mbappé, sous la forme d'un prêt avec option d'achat (180 M€) en provenance de Monaco, l'avocate du jeune attaquant du PSG Delphine Verheyden a décidé de sortir de son silence. Elle s'est exprimé à l'occasion du reportage de la Chaîne L'Équipe consacrée au joueur et a lâché certaines vérités sur le dossier très complexe comme le professionnalisme du PSG...

Ma première rencontre avec Kylian Mbappé ?

Delphine Verheyden : Je m'en souviens très bien parce que j'ai été frappé par la présence de ce garçon. C'est tout bête ce que je vais vous dire, mais au premier "bonjour" il avait une présence inhabituelle pour une personne de 18 ans. Il a une façon de vous regarder et de vous serrer la main qui vous donne l'impression que vous êtes quelqu'un d'important. À cet âge-là, j'ai rarement rencontré cela.

Qui prend les décisions ? Comment est son entourage ?

C'est Kylian. Il a construit une équipe autour de lui où chacun à son rôle et chacun reste à sa place. Cela reste un jeune homme de 18 ans. Je pense qu'il est donc important d'avoir un entourage solide. Son papa était éducateur sportif donc il a une fine connaissance du football. Sa maman connaît très bien le sport et elle porte une attention toute particulière à l'éducation de ses deux garçons. Les parents de Kylian ne sont pas néfastes, car ils sont bien veillants. 

On a critiqué les parents et on a dit qu'ils étaient intéressés par l'argent...

Moi je vous livre ce que j'ai vécu. Ils ne sont pas du tout intéressés par l'argent ni leur garçon d'ailleurs. C'est un peu bizarre de dire cela dans un sport qui génère une grosse économie, mais je peux vous assurer que Kylian avait un seul mot à la bouche c'était : "je veux jouer". C'est un artiste Kylian. Tout ce qu'il l'intéresse c'est de jouer au foot. Je me souviens d'une réunion où nous étions à Monaco qui se termine au bord de la piscine devant la maison où le papa de Kylian lui dit : "tu as choisi un métier où si tu es sensible à ça il ne faut pas le faire". Je sens alors Kylian déterminé à ce moment-là. Tout cela s'est passé en temps réel. La seule chose qu'il voulait s’était jouée et savoir où il allait jouer.

Kylian s'est-il intéressé au dossier ?

Oui. Dans mes méthodes de travail, ce n'est pas la première fois que j'accompagne un sportif qui est devenu un grand champion et avec lequel j'ai commencé à travailler tôt. Je descelle chez lui cette volonté et cette capacité à s'intéresser aux choses. Le même jour que vous parlait, au bord de la piscine, on fait une réunion qui a duré presque deux heures. Au fond de moi je m'attendais qu'il décroche, car il est dans une génération téléphone zapping peut-être, mais non il est resté extrêmement concentré durant les deux heures sur tout ce que l'on pouvait dire notamment sur les aspects contractuels. On sent qu'il a une facilité à intégrer toutes les données. Au quotidien, moi j'échange avec sa maman, car son métier c'est d'être footballeur professionnel, mais il n'y a pas un dossier où il ne posait pas de questions. 

"Le dossier a été géré avec énormément de professionnalisme du côté des équipes du PSG"

Les négociations entre le PSG et Monaco ont été très longues. Avez-vous eu peur que cela ne se réalise pas ?

C'est toujours possible. Ce qui rend particuliers les dossiers de transfert dans le football c'est ce que nous ne sommes pas dans une négociation avec deux parties. Il y a plusieurs parties qui se jouent en même temps. Par exemple il y avait une partie qui se jouait entre le PSG et Monaco. Sur ce point on ne peut pas faire grande chose quand on représente le joueur. Donc cela n'aurait pas pu aboutir du fait de cette négociation entre les deux clubs car on ne la maitrisait pas. En revanche, du côté de Kylian, il était déterminé. Il avait fait son choix sportif et il était déterminé à venir à Paris.

Qu'est-ce qui a été plus dur dans les négociations ?

Moi, je discutais avec Paris. Monaco c'était pour des options sportives que le père de Kylian et lui même ont géré eux-mêmes. C'était également des échanges entre clubs qu'il ne me concernait pas. J'ai surtout échangé avec Paris. Cela s’est très bien passé avec le PSG. Dans le milieu du football où cela nourrit beaucoup de fantasmes, je me suis posé des questions, je voyais les jours défilés et je me demandais si cela pourrait partir dans tous les sens. En fait, pas du tout. Le dossier a été géré avec énormément de professionnalisme du côté des équipes de Paris. C'est vrai qu'on a fini tard les dernières nuits, mais cela est à cause de la complexité des dossiers. Il fallait y passer beaucoup de temps dans les derniers moments.

Kylian a choisi un avocat et non un agent...

Quand j'ai débuté ma carrière aux États-Unis, j'ai découvert que les agents des joueurs étaient beaucoup plus des avocats. Moi très tôt je me suis fait une religion, c'est-à-dire que les métiers d'agent et d'avocat devaient être des métiers complémentaires, mais selon moi ce sont des métiers distincts. Ce n'est pas que je n'aime pas les agents, mais je ne veux pas l'être en matière d'avocat.

Les commissions sur un transfert de cette ampleur ne vous font pas rêver ?

Est-ce que cela me fait rêver ? Non ! Je suis convaincu que tout travail mérite salaire, mais pas plus ni moins. On va poser le problème différemment. Si un chirurgien venait à sauver son genou ou sa cheville, je ne lui souhaite pas de mal bien évidemment, est-ce qu'il mériterait d'être payé en pourcentage sur les matchs qu'il réalise ? Non, aucun docteur ne l’a revendiqué et pourtant ce qu'il fait est bien plusieurs important que nous les avocats. Et puis surtout, je crois que le plus important en tant que conseiller je suis convaincu c'est que si j'était payé au pourcentage, celui-ci perdrait de sa valeur. Par exemple, dans les moments les plus difficiles dans une négociation, quand on est en fin de nuit au mois d'août sur le deuxième plus gros transfert de l'histoire, le client peut se dire "mon avocat, il me dit ça pourquoi ? Sa commission ou bien pour mon bien ?" Les doutes commencent alors à s'installer et je pense que l'on passe à ce moment-là à côté du sujet.

Comme Kylian vit toute cette pression ?

C'est devenu un phénomène médiatique malgré lui. Il y a un effet loupe, un effet grossissant parce que les médias se font une obligation de parler de lui, car c'est le sujet à la mode. Kylian est très lucide sur la possibilité d'un côté éphémère dans l'attrait médiatique. Il sait que cela fait partie de son travail. La seule chose la plus difficile pour lui c'est la difficulté dans la vie de tous les jours de rester quelqu'un d'ordinaire. Il a 18 ans et il a l'envie de rester quelqu'un de normal. Par exemple, aller dans un parc d'attractions, un concert... mais tout cela devient difficile. Je crois que cette pression-là est plus difficile à supporter que la pression médiatique qu'il a intégré depuis longtemps. Il sait que cela fait partie du métier. On peut facilement imagier que cette pression risque d'être pesante.