"Ben Arfa n'avait que le PSG à la bouche"

Publié le : 30/06/2016 - 23:14 - Dernière modification : 01/07/2016 - 13:46

Chef de service du Pôle Sports du quotidien Le Parisien, Laurent Perrin est le journaliste ayant réalisé l'interview de Nasser Al-Khelaïfi au début du mois de juin. Celle qui a permis de comprendre que Laurent Blanc allait être licencié.

ParisTeam.fr - En effectuant cet entretien avec le président du PSG, vous attendiez-vous à de telles révélations de sa part ?

Laurent Perrin - Pas du tout. J'avais préparé mes questions en espérant obtenir des réponses concrètes sur les cas Leonardo et/ou Aurier. Concernant Laurent Blanc, tout le monde pensait qu'il restait. Initialement, je n'avais pas de questions à son sujet. J'ai donc rencontré Nasser Al-Khelaïfi, qui est un homme très sympathique. Avant de débuter l'interview, je lui ai demandé s'il était satisfait de la saison écoulée. A ma grande surprise, il m'a répondu : « Pas vraiment ». J'ai alors enclenché le dictaphone. L'interview n'a pas pris du tout le sens qui était prévu. Au fil de celle-ci, j'ai compris que c'était la fin de l'ère Laurent Blanc...

Il semble aujourd'hui particulièrement compliqué d'avoir des informations émanant directement du PSG...

Effectivement. Personne n'arrive vraiment à en obtenir depuis la reprise du club par QSI. En réalité, très peu de personnes sont au courant de ce qu'il se passe au PSG. Il n'y en a que 3 : Nasser Al-Khelaïfi, Jean-Claude Blanc et Olivier Létang. Et aucun d'entre-eux ne parle aux journalistes. D'ailleurs, aucun journaliste n'a le contact du président. Au Parisien, nous avons les numéros de Jean-Claude Blanc et Olivier Létang, mais ils ne répondent jamais au téléphone. Nous n'avons pas d'informations provenant directement du club. Via le service de communication, nous arrivons parfois à recouper une information, comme cela a été le cas récemment pour Thomas Meunier. Toutefois, concernant Ben Arfa, rien n'a filtré. Au service communication, il y a quelques mois, on m'a fait comprendre qu'il n'y avait quasiment aucune chance que Neymar vienne à Paris. En ce qui concerne le mercato, les informations que nous donnons proviennent la plupart du temps de contacts extérieurs au club, comme les agents.

Quel regard portez-vous sur le remplacement de Laurent Blanc par Unai Emery ?

En matière de communication, le club a eu de la chance que ce changement intervienne en plein Euro. Sinon, les critiques se seraient multipliées dans la presse. Laurent Blanc a obtenu des résultats exceptionnels, mais il ne possédait pas un énorme charisme et ne dégageait guère de sympathie. Peu de supporters se sont mis à pleurer en apprenant son départ. Quant à Emery, ce n'est ni Simeone, ni Mourinho. Pour le grand public, c'est un inconnu. Personnellement, je ne le connaissais pas trop. En me renseignant sur lui, j'ai compris qu'il s'agissait d'un meneur d'hommes et d'un gros bosseur sur le plan tactique. Emery, c'est un pari. Même quand les dirigeants sont allés chercher Ancelotti à l'époque, c'en était un. On n'est jamais sûr de rien quand on change de coach. Il faudra voir si Emery est capable de gérer un vestiaire composé de fortes personnalités. Ce qui est certain, c'est que le style de l'équipe va changer. Des joueurs importants vont aussi probablement se retrouver sur le banc de touche...

Au Parisien, vous aviez annoncé que Leonardo était proche d'un retour au PSG. Que s'est-il passé ?

Nasser est régulièrement en contact avec Leonardo. L'idée d'un retour de ce dernier lui a traversé l'esprit. D'autant plus que le Brésilien veut revenir dans le foot. Cela a été sérieusement envisagé. Une source nous avait dit qu'il avait confié à plusieurs de ses proches qu'il allait revenir à Paris. Après, je ne sais pas pour quelles raisons cela a bloqué. Peu de gens le savent... Quoi qu'il en soit, il existe une vraie réflexion sur le recrutement d'un directeur sportif. A chaque fois qu'on nous dresse le portrait robot du directeur sportif idéal, cela correspond à celui de Leonardo. Celui-ci a effectué un travail fantastique au PSG. Il était capable de recruter de très grands joueurs en se servant d'autres atouts que son généreux carnet de chèques. Sur le marché, peu de personnes possèdent son profil. Même si Olivier Létang fait du très bon travail, il est trop esseulé. Sur le dossier Neymar, on ne peut s'empêcher de penser que si Leonardo était encore là, le PSG aurait eu plus de chances de le recruter.

Les dirigeants sont-ils toujours en quête d'un directeur sportif à l'heure actuelle ?

Ils cherchent toujours. C'est un serpent de mer. Avec le PSG, tout est possible. Un directeur sportif pourrait par exemple arriver en août. Cela nous semblerait absurde. Mais les Qataris n'utilisent pas le tempo habituel. On a pu s'en apercevoir avec le timing choisi pour le licenciement de Blanc. Il faut quelqu'un pour aider Létang. De plus, en terme de communication, le coach était trop seul la saison dernière. Laurent Blanc aurait pu être soulagé sur certaines questions extra-sportives. Pour l'affaire Periscope, ce n'est pas normal qu'un dirigeant ne soit pas monté en première ligne pour communiquer. Blanc a dû se débrouiller seul en conférence de presse.

Quelle trace laissera Laurent Blanc au PSG ?

Les supporters semblent partagés. Certains considèrent que le club était arrivé à la fin d'un cycle et qu'il fallait changer de coach. D'autres ne comprennent pas qu'on se sépare d'un technicien qui a tout gagné au niveau national et qui s'est seulement « planté » sur 2 matches. En réalité, ce qui a « tué » Blanc, c'est l'attitude des joueurs lors du match retour face à Manchester City...

Concernant les indemnités de licenciement de ce dernier, les autres clubs ne vont-ils pas essayer de profiter au maximum de la puissance financière du PSG ?

Ceux-ci n'ont pas eu besoin de cette histoire d'indemnités pour le savoir. Nous sommes sur un marché d'offres et de demandes. Quand l'acheteur est « blindé », vous essayez d'en profiter. Quand les dirigeants parisiens ont repris le club, ils ont affiché la couleur en surpayant Pastore. Hormis Ibrahimovic, ils ont surpayé tous les joueurs. Ils veulent aller vite et considèrent n'avoir pas de temps à perdre...

Pour Ben Arfa, les dirigeants ont-ils été correct avec leurs homologues du FC Séville ?

Ils savaient que c'était compromis pour réaliser le transfert de Neymar. Nasser Al-Khelaïfi souhaitait faire venir Ben Arfa, contrairement à Laurent Blanc. Emery s'est quant à lui montré favorable à cette idée. C'est vrai que le PSG était un peu gêné de se trouver en concurrence frontale avec le FC Séville. Mais les affaires sont les affaires. Si Lyon était hors-course depuis bien longtemps sur ce dossier, le club espagnol était en revanche tout proche de le conclure. A proposition quasi-égale, Ben Arfa aurait choisi Paris. Il n'avait que le PSG à la bouche. Ce n'est pas qu'une question d'argent.

Quid du cas Aurier ?

Récemment, il a donné une interview à un média (Clique, Ndlr). C'était catastrophique. « Je suis resté pour le président », a-t-il déclaré. Cela ne démontre pas un profond attachement au club. Avec lui, on a l'impression que ce n'est jamais de sa faute. Aurier, ça devient vraiment compliqué. S'il reste, il devra sûrement faire face à une concurrence importante avec Meunier.

Peut-on également s'attendre à de la concurrence dans l'autre couloir dans la défense ?

Kurzawa possède un profil de latéral offensif qu'affectionne Emery, comme Aurier et Meunier. L'idée, c'est un passage de témoin entre Maxwell et lui. Avec le départ de Zlatan, Cavani pourrait enfin avoir sa chance comme titulaire dans l'axe.

Pensez-vous qu'il soit l'homme de la situation à ce poste ? Le but ultime demeure de gagner la Ligue des champions. Avec Cavani en pointe, cela sera-t-il réalisable ?

Ce dernier s'est toujours battu. Le départ d'Ibrahimovic peut le libérer. Il devra se montrer à la hauteur, ce qui n'a pas été le cas lors de la dernière Copa America.