Interview exclusive de Christophe Revault

Publié le : 27/08/2016 - 07:42

Gardien du PSG durant une saison, Christophe Revault revient en exclusivité sur son exercice 1997-1998. L'actuel directeur sportif du Havre évoque également l'éventuelle concurrence entre Kevin Trapp et Alphonse Areola. Entretien.

Paris Team - Au moment de votre arrivée au PSG, en 1997, vous étiez considéré comme faisant partie des meilleurs gardiens français. Vous aviez alors 25 ans. Comment expliquez-vous que vous ne soyez pas parvenu à franchir un cap dans la capitale ?

Christophe Revault - Je n'avais probablement pas mesuré la difficulté d'évoluer dans un club d'une telle dimension. Au Havre, j'étais l'enfant du pays... J'ai eu du mal à gérer le côté émotionnel dans la capitale. Malheureusement, mon année au PSG n'a pas été une réussite. Dans ce club, dès qu'on rate deux ou trois matches, on est immédiatement mis sur la sellette.

En octobre 1997, vous aviez encaissé cinq buts face au Bayern Munich en Ligue des champions. Il a dû être très compliqué de se remettre d'une telle débâcle...

Il s'agissait de mon premier couac sous les couleurs parisiennes. J'avais bien choisi le moment : 20h45, en direct sur TF1, à l'occasion de la Ligue des champions (rires). Après ce match, j'ai pris un grand coup dans la tronche. Quelques jours plus tard, à Monaco, j'ai enchaîné avec un autre match de merde. La répétition de plusieurs mauvaises prestations en peu de temps m'a été fatale. 

A l'époque, vous aviez dû composer avec l'ombre de Bernard Lama... 

C'est exact. Je n'étais pas dans les meilleures conditions. Mais je ne vais pas me cacher derrière ça pour justifier mon échec au PSG. De toute façon, je n'étais pas assez mature. Quant à Bernard Lama, sa situation était délicate. Il était déçu de ne pas avoir trouvé de club et s'entraînait à l'écart. Il a dû attendre le mercato hivernal pour partir (Ndlr : à West Ham). 

Lors de cet exercice 1997-1998, le PSG sauve sa saison en gagnant les deux Coupes nationales. Vincent Fernandez était le gardien qui jouait ces compétitions. Avez-vous ressenti de la frustration ? 

Évidemment, j'ai éprouvé de la frustration, surtout qu'il s'agissait des premières finales se disputant au Stade de France. Initialement, je devais jouer la Coupe de France. J'étais d'ailleurs titulaire lors des premiers matches dans cette compétition. Après que j'ai enchaîné deux ou trois mauvais matches, le coach m'a remplacé par Vincent Fernandez. J'ai alors essayé de le mettre dans les meilleures conditions. 

Lors de son arrivée au PSG, Unai Emery n'a pas voulu établir de hiérarchie claire au poste de gardien de but. Trouvez-vous cela normal qu'il n'ait pas tranché dans le vif pour un poste aussi important ? 

Je n'ai pas à porter de jugement. Il sait ce qu'il fait. Kevin Trapp et Alphonse Areola sont deux très bons gardiens. Aujourd'hui, je pense qu'ils sont en concurrence. 

Avez-vous une préférence entre les deux portiers ?

Ils sont tous deux très forts, jeunes, complets, avec des qualités différentes. C'est vraiment compliqué d'en détacher un. Trapp possède une grosse force mentale. Il a réussi à rebondir après ses difficultés de la saison passé. Les deux mériteraient de jouer. Sauf que le poste de gardien ne laisse pas de place pour deux joueurs (rires). Quoi qu'il en soit, en matière de qualité, je  ne vois pas de problème de gardien à Paris. Le club de la capitale peut voyager sereinement avec eux. 

La saison passée, Kevin Trapp a commis plusieurs « boulettes ». Est-ce simplement un problème de concentration pour le portier allemand ? 

Peut-être. C'est dur d’enchaîner les matches de haut niveau. Avant d'arriver à Paris, il était extrêmement sollicité à Francfort. Je me reconnais un peu en lui. Au Havre, j'étais beaucoup mis à contribution. C'est aussi pour cette raison que j'ai été mis en valeur. Quand on se retrouve avec seulement deux ou trois ballons à gérer par match, ça change énormément. 

« Nous avons privilégié un Hongrois à Georgen »

Quels souvenirs garderez-vous de Salvatore Sirigu, qui vient d'être prêté au FC Séville ? 

Un super souvenir ! Quand on gagne autant de titres, ce n'est pas un hasard. Un club ne peut pas avoir de bons résultats sans un bon gardien. Après, il lui a été reproché de ne pas être décisif en Ligue des champions. Mais ce n'est pas à cause des gardiens que Paris n'atteint pas le dernier carré dans cette compétition. 

Une concurrence totalement saine entre deux gardiens d'un niveau quasi-identique est-elle vraiment possible ?

Oui. Après, ça dépend de la personnalité des gardiens en question. S'ils se mettent au service du club, en sachant qu'ils peuvent gagner des titres, la concurrence peut être totalement saine. 

Vous êtes actuellement directeur sportif au Havre. En quoi consistent vos principales missions ?

Durant ce mercato, j'étais très occupé avec le recrutement. J'échange perpétuellement avec le coach pour avancer de la meilleure des manières. Le but étant d'améliorer l'effectif pour remonter en Ligue 1.

Au PSG, le directeur sportif se nomme Patrick Kluivert depuis le mois dernier. Que va-t-il apporter au club de la capitale selon vous ?

Les dirigeants parisiens ne font pas n'importe quoi. S'ils ont décidé de recruter Kluivert, c'est pour ses contacts, son réseau...
 
Durant un temps, vous vous êtes intéressé à un jeune joueur parisien : Alec Georgen. Pourquoi ne l'avoir finalement pas recruté ? 

On cherchait un joueur au poste de latéral droit. Nous avons privilégié un Hongrois (Ndlr : Barnabas Bese). Ça faisait longtemps qu'on le suivait. 

Lorsque vous êtes amené à discuter avec le PSG, quel est votre interlocuteur ? 

Déjà, ce n'est pas tous les jours qu'on peut se permettre de contacter un joueur du PSG (rires). En ce qui me concerne, je m'adresse à Olivier Létang. Nous nous connaissons depuis longtemps. 

Propos recueillis par Arnaud Lapointe