Exclu - "Blanc a grandi avec le PSG..."

Publié le : 23/02/2016 - 12:56 - Dernière modification : 23/02/2016 - 13:06

Reporter à quotidien L’Équipe et membre régulier de l'émission "L’Équipe du Soir", Hervé Penot a accepté de répondre à nos questions. Chelsea, Zlatan, Blanc et Aurier sont notamment abordés. Avant toute chose, nous souhaitons le remercier pour son accessibilité et sa sympathie. Entretien téléphonique réalisé lundi par notre journaliste Clément Pernia...

ParisTeam.fr : Une victoire 2-1 contre Chelsea, c’est mieux que l’an passé, moins bien qu’il y a deux ans. Le PSG a-t-il fait le plus dur en remportant ce match aller ?

Hervé Penot : Non. Le plus dur sera de se qualifier au retour. En soi, 2-1 n’est pas un résultat exceptionnel. Paris a fait un bon match, mais a montré des défauts déjà aperçus contre le Real : l’équipe était supérieure à son adversaire, l’a dominé, notamment physiquement, mais n’a gagné finalement que 2-1. C’est la preuve qu’il y a encore des lacunes. Je ne m’emballerai donc pas. Ce 2-1 est un résultat qui permet évidemment d’espérer une qualification, mais il faudra être solide au retour. Ce ne sera pas le même Chelsea qui récupérera Terry et Matic. Ce sera un combat et Hazard, excellent contre Blackburn, semble revenir à un bon niveau. Avec un Willian en grande forme et un Diego Costa en guerrier ultime, ça ne sera pas évident… Méfions-nous de trop d’optimisme même si Paris a largement les moyens de passer.

Avec quelle attaque au match retour ?

Il y aura Ibra, Di Maria, donc la troisième place se jouera entre Lucas et Cavani. Cavani n’a pas fait assez depuis le début de l’année pour prouver qu’il méritait assurément cette place. L’avantage avec Cavani, c’est qu’on sait qu’il va travailler comme un forcené. Sur ce plan, il est irréprochable. Il a, en plus, saisi sa chance en marquant ce but à l’aller et a récidivé contre Reims. La forme revient et ça change beaucoup de choses dans l’esprit d’un entraîneur. Lucas a, lui, été intéressant par ses éliminations et ses percutions dans l’axe. Mais aura-t-il la capacité à faire les mêmes efforts défensifs que Cavani ? Je n’en suis pas certain. Cavani est également un élément déterminant dans le domaine du jeu aérien défensif. Alors dans ce type de match où les duels aériens auront un rôle majeur, la qualité de l’Uruguayen est un atout. A mes yeux, l’option Cavani a pris du poids non seulement grâce à son but, mais aussi en raison de la caractéristique du match qui va se dérouler à Stamford Bridge.

L’affaire Aurier : scandaleux ou à relativiser ?

Aurier a fait une grosse bêtise, mais de là à entendre certains parler de prison, on est dans un délire absolu… Il doit assumer et attendre la sanction du club. Mais ça ne doit pas le suivre toute sa carrière. C’est fait, il faut passer à autre chose. Ce sera peut-être plus difficile de rejouer au PSG, on verra, mais il est jeune, a un bel avenir et doit apprendre de ses erreurs. Qui n’en a jamais fait ? Je ne vais pas lui enfoncer la tête sous l’eau. Bizarrement, certains ont tellement exagéré que s’est produit un effet inverse aujourd’hui avec de nombreuses personnes qui tendent à le défendre. Un mouvement pro-Aurier commence à naître. Il faut rester dans la mesure. On va attendre la décision du PSG. Le soutien de ses équipiers prouve aussi qu’il a une image positive, qu’il est apprécié. Ce n’est pas rien. Il y a parfois des bagarres dans un vestiaire et c’est beaucoup plus violent. Ça n’empêche pas les joueurs ensuite d’évoluer ensemble et parfois même de devenir amis. Je connais bien les Ivoiriens et l’ancien staff (Renard, Baumelle) et je peux vous dire qu’ils m’en ont tous dit du bien sur un plan humain même si aucun n’était d’accord sur la teneur de ses propos. Cet épisode devra aussi l’aider à grandir. C’est une péripétie dans une carrière même si Aurier ou le PSG s’en seraient bien passés…

La prolongation de Laurent Blanc jusqu’en 2018 : Une bonne chose ?

Oui. Je n’ai jamais compris le scepticisme qui pouvait entourer L.Blanc. Depuis qu’il est entraîneur, il a des résultats partout. Il a notamment su aller en quart de finale de la C1 avec Bordeaux, casser l’hégémonie lyonnaise, reprendre l’EDF après Knysna et décrocher un quart de finale de l’Euro après une longue invincibilité. On ne cesse de dire que ce n’était peut-être pas le premier choix, mais que veut dire un premier choix ? Quand le PSG achète Di Maria, est-ce un premier choix ? Non, si Paris peut prendre Messi ou Ronaldo, il le fait. Mais ça reste un immense joueur. On parle ici de choix de très haut niveau dans un lot d’entraîneurs de très haut niveau. Blanc a endossé la tunique du PSG et a obtenu des résultats. De plus, il dégage un calme, une sérénité dont les joueurs me semblent imprégnés. À Madrid, suite à la blessure de Verratti, il n’a pas paniqué et a fait rentrer Rabiot sans aucune tension. Il a une image très positive. Et même s’il perd contre Chelsea, je ne changerai pas de vision. On juge un entraîneur sur la longueur, sur la manière dont il gère un groupe, pas sur un match. Et de ce côté, je trouve que Blanc a grandi avec le PSG dans la gestion d’un groupe de très haut niveau. Des gens s’interrogeaient sur sa capacité à gérer un vestiaire de stars : il a aujourd’hui totalement répondu à leurs doutes.

Paris doit-il prolonger Zlatan ?

C’est un cas complexe, car le problème est de savoir par qui vous allez le remplacer. Si vous n’avez pas le choix, il faut le garder évidemment. Mais si vous êtes sûr de pouvoir prendre Neymar, Aguero, Lewandowski ou des joueurs de ce calibre, il faut peut-être passer à autre chose. Aujourd’hui, il manque encore quelque chose au PSG pour gagner la C1, des joueurs de très haut niveau devant notamment. Tout dépendra donc du marché. Ibra est monstrueux en Ligue 1, mais c’est en Ligue des Champions qu’on attend Paris.

Vous connaissez plutôt bien le football africain. Le PSG, a-t-il gagné en popularité sur le continent ces dernières années, comme en Asie ou aux États-Unis par exemple ?

Oui tout à fait. Dans les pays africains que je connais, le PSG a effectivement gagné en popularité, car c’est le club qui monte. Son déficit de popularité dans certains endroits est lié aussi au déficit de la Ligue 1. Dans les pays très francophones, l’impact du Paris a grimpé. Et dans les pays du Maghreb, on suit quasiment autant Paris que Marseille.

Plutôt Marquinhos ou David Luiz aux côtés de Thiago Silva ? Quel avenir pour Marquinhos ?

J’aime beaucoup Marquinhos, mais David Luiz n’a pas démérité. Il ne faut pas oublier que c’était le plus gros transfert du club l’année dernière. C’est aussi la difficulté de gérer des effectifs à fort potentiel, car il faut faire des choix. Le fait de jouer à droite contre Chelsea peut " atténuer " son énervement de ne pas jouer. Marquinhos est jeune et ça me parait un peu compliqué pour un club comme le PSG de laisser partir Marquinhos, car dans le contexte actuel, il vaut mieux avoir 3 défenseurs centraux de haut niveau au vu de la charge de travail et de l’enchaînement des matches. On le voit à Madrid notamment. Laurent Blanc a d’ailleurs mis en place un turn-over assez intéressant.

Trapp ou Sirigu ?

Trapp sur son match contre Chelsea a montré qu’on pouvait lui faire confiance. Mais quand on fait venir Trapp, c’est notamment pour un jeu au pied supérieur à celui de Sirigu et honnêtement, ça ne s’est pas trop vu. Il ne joue pas beaucoup plus haut non plus. Aujourd’hui, Trapp n’a pas écrasé la concurrence de Sirigu, loin de là comme on l’a encore vu contre Reims. Toutefois, son match contre Chelsea est très encourageant et Blanc l’a fait venir pour les grands matches donc c’est assez logique que Blanc lui fasse confiance.

Les stars étrangères du PSG donnent-elles une leçon de professionnalisme au football français ?

C’est surtout le fait de prendre des joueurs qui ont gagné. Ces joueurs ont quelque chose en plus, on ne gagne pas par hasard. Ils inculquent un état d’esprit irréprochable. Dans le football, on parle souvent de détails invisibles. Il s’agit d’un travail au quotidien. Heinze par exemple, qui n’était pas toujours facile à vivre en raison de son exigence, voulait toujours tirer les joueurs vers le haut et ça, c’était dans son ADN. Quand j’ai vu Motta et Ibra s’entraîner au Qatar, il n’y avait pas une balle de perdue, c’était un travail d’orfèvre, une précision d’horloger suisse. Tous ces joueurs-là tirent les autres vers les sommets et ça augmente le niveau d’exigence des autres joueurs du PSG. Les étrangers du PSG ont apporté cette touche-là, cette volonté de toujours être au top, sans jamais se relâcher.