Arrigo Sacchi pointe là où ça fait mal...

Publié le : 08/03/2018 - 23:06 - Dernière modification : 09/03/2018 - 09:18

Considéré comme un maître sur un banc de touche, où il a remporté deux Ligue des Champions avec le Milan AC, Arrigo Sacchi analyse les pointes faibles du club parisien après son élimination en 8e de finale de la C1 face au Real Madrid et pointe son doigt sur les grandes erreurs faites et qui doivent changer...

"J'en attendais beaucoup plus dans l'agressivité, dans l'intensité. Je ne sais pas ce qui s'est passé dans leur tête. Ce que je peux dire, c'est que j'ai toujours considéré Emery comme un très bon entraîneur. La question est : est-ce qu'ils (les joueurs) le suivent ?" a commencé le technicien italien au quotidien L'Equipe qui se refuse de pointer du doigt Emery mais met le club face à ses responsabilités...

"Un entraîneur doit avoir une idée claire du jeu qu'il veut mettre en place. Parce que le jeu aide l'équipe. C'est comme le scénario d'un film. Quand le scénario est mauvais, de grands acteurs ne suffisent pas à faire un bon film. Donc un entraîneur doit être suivi par son équipe. Je connais bien les joueurs du PSG, parce que beaucoup d'entre eux ont joué en Italie ou en Espagne. Marco Verratti, je l'ai vu en sélections de jeunes pendant des années (entre 2010 et 2014, Sacchi a été coordinateur technique des sélections de jeunes pour la Fédération italienne). Je l'ai vu grandir depuis les moins de 17 ans jusqu'aux Espoirs, et quand je vois son attitude de l'autre soir... Non, à certains niveaux, on ne peut pas se comporter de telle façon. Et s'il le fait, c'est qu'il y a un problème. Je pense que tous doivent se poser la bonne question au club. Il faut bien comprendre que le club est la partie la plus importante du chantier. Parce que tout part du club, de son histoire, de sa vision, de ses règles et de son leadership. Le club vient avant l'équipe, et l'équipe vient avant chaque individualité. La sensation que j'ai, c'est que cette hiérarchie de valeurs-là est inversée au PSG" a-t-il ajouté avant d'évoquer le cas Neymar.

"Neymar, ce n'est pas un projet ! Nous avons gagné le Championnat (en 1988) avec Van Basten, qui venait d'arriver, et qui sur 30 matches de Championnat n'en a joué que trois intégralement. Si le projet avait été Van Basten, nous n'aurions rien gagné. On a gagné la Ligue des champions avec Gullit et vous savez combien de matches il a joué (en 1989-1990) ? Un seul, sur neuf ! (*) On a battu le Barça en Supercoupe d'Europe sans Baresi, Ancelotti ni Gullit (1-1, 1-0). La musique sans partition, ce n'est pas possible. Brecht disait que même les plus grands acteurs ont besoin d'un metteur en scène pour s'exprimer pleinement. Le jour où, avec ce qu'ils dépensent, les Parisiens auront aussi une organisation qui part du club, ils avanceront" a-t-il ajouté.

"L'autorité, elle vient du club. L'année dernière, il y a l'exemple de la Juventus, qui joue à mon avis un football pas très positif mais qui est un grand club, avec un vrai leadership. Quand elle a vu que certains joueurs protestaient parce que l'entraîneur (Massimiliano Allegri) les sortait, ou qu'ils devenaient un peu arrogants, qu'a-t-elle fait ? Elle a laissé dehors Bonucci, un cadre de l'équipe, et il est allé s'asseoir en tribune un soir de Ligue des champions. Puis, l'été suivant, elle l'a vendu (à l'AC Milan). Elle a donné le signal à tout le monde que, au club, ce ne sont pas les joueurs qui commandent, que l'entraîneur est l'homme du club en ce qui concerne tous les choix techniques, et que personne ne peut se comporter comme il l'entend sans le respecter. Ce serait comme si le pauvre Pavarotti se mettait à chanter Volare alors que les autres chantent Aïda. C'est juste impossible. Dans le foot, il faut peu d'idées, mais il faut qu'elles soient claires. Sinon, on gaspille son argent" précise t-il.

"Je ne suis pas là pour les conseiller. Tout ce que je dis, c'est que le plus important, pour gagner, c'est le club, sa vision, sa compétence, avec ses règles et ses choix. Ensuite, seulement, vient l'équipe. Elle est dirigée par un entraîneur qui ne doit pas seulement l'entraîner, mais lui donner des idées solides. Mardi soir, on a vu un match médiocre. Et en toutes ces années, le PSG n'a jamais laissé sa marque en Ligue des champions. Sa meilleure confrontation, c'était contre Barcelone, avec Ancelotti (2-2, 1-1 en quarts de finale en 2013). Il faut se poser les bonnes questions" une dernière analyse que l'on partage tous effectivement...